La Tanzanie est sur la bonne voie pour réduire de moitié les pertes après-récolte d’ici 2025 indique un nouveau rapport. Les efforts engagés sont en grande partie complétés par la volonté politique du pays, des stratégies et des politiques ainsi que l’évolution des infrastructures de stockage du pays.
Le troisième rapport d’examen biennal de la Commission de l’Union africaine sur la mise en œuvre de la Déclaration de Malabo, publié récemment, indique que la Tanzanie fait partie des pays qui sont sur la bonne voie pour réduire les pertes après récolte. Pour éradiquer la faim dans la région, les gouvernements se sont engagés à réduire de moitié les pertes après récolte d’ici 2025.
En 2021, la Tanzanie avait réussi à réduire de 28% les pertes après récolte ce qui lui avait permis d’améliorer la disponibilité et la qualité des aliments sans exercer une pression supplémentaire sur l’environnement et l’économie dans le but de produire plus de nourriture. Les parties prenantes ont confié à The Citizen que le pays avait déployé des efforts louables pour réduire le gaspillage de nourriture dans la chaîne de valeur agricole et assurer ainsi la sécurité alimentaire.
L’un des domaines mentionnés est l’amélioration des installations de stockage. Dr Anselm Moshi, directeur général de l’Office tanzanien des céréales et autres produits (CPB en anglais) affirme que de nombreuses interventions ont été menées dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire. Selon Dr Moshi, plusieurs études indiquent que les pertes maximales se produisent lors des opérations de stockage. Il fait observer que le CPB a pour objectif d’augmenter sa capacité de stockage et d’être en mesure de stocker environ 600 000 tonnes de céréales et autres produits d’ici 2025. Il ajoute que « disposer d’installations de stockage appropriées et de solides infrastructures techniques et de manutention peut contribuer à limiter la réduction de la quantité et de la qualité des produits agricoles ainsi que de leur valeur marchande ».
Une étude menée par l’Université d’agriculture de Sokoine (Sua en anglais) en 2012, indique que les pertes après récolte de trois principales céréales se répartissent comme suit : maïs (15,5 pour cent) ; paddy (10,7 pour cent) et sorgho (12,5 pour cent). Selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les agriculteurs tanzaniens perdent jusqu’à 40 pour cent de leurs récoltes annuelles en raison des pertes après récolte.
Milton Lupa, Directeur général de l’Agence nationale des réserves alimentaires (NFRA) estime que réduire au minimum les pertes de céréales dans la chaîne d’approvisionnement pourrait être l’une des manières les plus efficaces de renforcer la sécurité alimentaire et mettre en place des mesures durables pour lutter contre la faim.
Selon M. Lupa, en raison de l’importance des pertes durant le stockage, le gouvernement a, à travers la NFRA, investi énormément dans la mise en place de grandes installations de stockage équipées dans l’ensemble du pays. « Nous avons actuellement la capacité de stocker 251 000 tonnes de nourriture mais l’objectif est d’être en mesure de stocker 500 000 tonnes de produits agricoles » a-t-il ajouté. Selon M. Lupa, l’agence a construit de nouvelles installations de stockage à Babati, Sumbawanga et Mpanda. D’ici juillet, le pays aura augmenté la capacité de stockage de 90 000 tonnes a affirmé M. Lupa. Selon le chef de la NFRA, le pays aura une capacité de stockage maximale au bout d’un an lorsque toutes les installations de stockage auront été construites.
La Tanzanie s’est dotée d’une stratégie nationale de gestion après récolte (NPHMS) 2019-2029 qui vise à faciliter et à renforcer les capacités afin de réduire les pertes après récolte et augmenter les revenus des agriculteurs ainsi que la valeur nutritionnelle des aliments.
La stratégie décennale est axée sur les cultures vivrières, notamment les céréales, les légumineuses, les fruits et les légumes ainsi que les plantes oléagineuses. Selon le ministère de l’Agriculture, l’objectif de la stratégie consiste à proposer d’importantes mesures qui permettront de réduire les pertes après récolte et éventuellement de compenser le déficit alimentaire. Selon cette stratégie, la gestion après récolte dans le pays dépendra en grande partie de l’appui financier du gouvernement, du secteur privé, de la communauté internationale ainsi que des contributions individuelles. Toutefois, selon le document « une approche intégrée est indispensable pour s’assurer que les fonds nécessaires pour relever les défis de la gestion après récolte sont utilisés pour réaliser les objectifs présentés dans la stratégie ».
Par ailleurs, le document propose que les ressources mobilisées pour le financement du NPHMS auprès de différents partenaires au développement, appuyant les opérations après-récolte, soient gérées par le biais d’un arrangement spécial (équivalent à celui du plan de développement du secteur agricole (PDSA)) en vue de concentrer les efforts. « Le document de stratégie souligne que « le cas échéant, le mécanisme de financement nécessitera la signature d’un Protocole d’accord qui précise les modalités opérationnelles du fonds commun (en utilisant un système gouvernemental pour le décaissement et la passation de marché) entre le gouvernement tanzanien et les partenaires au développement ».
Selon M. Audax Rukonge, Directeur exécutif du Forum des acteurs agricoles non- étatiques (Ansaf), rares sont les pays qui ont mis en œuvre une telle stratégie ce qui indique que le gouvernement tanzanien est prêt à agir et à aider les agriculteurs. « Nous avons cependant encore un long chemin à parcourir pour construire les infrastructures nécessaires bien que nous ayons mis en place des programmes et des systèmes pour les appuyer. » a-t-il ajouté. Il a cité certaines des infrastructures comme étant les industries de transformation qui permettront de valoriser les produits agricoles et de leur donner une nouvelle qualité préférée pour le marché domestique et les exportations.
Au nombre des politiques publiques de réduction des pertes après récolte figurent la Politique agricole nationale de 2013 et la Politique de commercialisation des produits agricoles de 2008. Ces politiques soulignent la nécessité de relever le défi des pertes après récolte pour assurer la sécurité alimentaire.
Pour concrétiser ces politiques, le pays a mis en place un certain nombre d’actions dont le Kilimo Kwanza, le Resolve, le Plan d’investissement de la Tanzanie dans l’agriculture et la sécurité alimentaire (TAFSIP) et le Couloir de croissance agricole du sud de la Tanzanie (Sagcot). Ces actions ont été introduites séparément pour compléter une mise en œuvre rapide du PDSA.
Dans la stratégie décennale de gestion d’après-récolte, le gouvernement a mis en lumière un certain nombre de défis qui continuent de saper les efforts pour faire face à la question de pertes après récolte en Tanzanie. Parmi ces défis figurent des services après récolte inadéquats, l’insuffisance des infrastructures de commercialisation des produits agricoles et l’absence de technologies adaptées
Bien que les politiques actuelles reconnaissent l’importance des pertes après récolte, le ministère a admis que les stratégies agricoles n’avaient pas accordé l’attention nécessaire à la question des pertes après récolte dans les efforts visant à accroître la sécurité alimentaire et de revenu. En outre, les parties prenantes, dont les agriculteurs, sont mal informées des pertes après récolte et des coûts pour l’économie et l’environnement.




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