Feuille de route pour des politiques nationales de soutien à l’agriculture intelligente face au climat (AIC) sensibles aux questions de genre

Par Munoko K. Nguru

L’intégration des questions de genre dans les Plans nationaux d’investissement agricole (PNIA) en Afrique est essentielle pour assurer la participation de tous à la mise en œuvre des mesures d’adaptation aux changements climatiques dans le domaine de l’agriculture. On note une forte participation des femmes à l’agriculture et leur rendement permet de nourrir la plupart des ménages en Afrique. Cependant des disparités entre les sexes persistent en matière d’accès à l’information, aux intrants, à l’éducation, aux technologies et aux marchés.  Les études continentales sur l’AIC présentées lors de la Concertation technique sur l’Agriculture intelligente face au climat en Afrique, tenue du 14 au 15 octobre 2021, ont montré que les questions relatives au genre sont fortement minimisées.

Par conséquent, les efforts déployés en matière d’intégration des questions de genre doivent tenir compte des priorités de chaque pays tout en faisant la promotion de systèmes qui permettront d’anticiper l’impact à grande échelle tels que les initiatives multipartites aux niveaux local, national et mondial. En outre, les plans nationaux d’investissement devraient accorder la priorité aux approches systémiques, intégrées telle que l’approche fondée sur les systèmes d’innovation agricole préconisée par le Forum pour la recherche agricole en Afrique (FARA). Pour être efficaces, les plans d’investissement doivent être ancrés dans la science, fondés sur des données probantes et sur les connaissances découlant des études sur l’AIC menées jusqu’ici.

Lors de la concertation, Dr Podisi, coordinateur du PDDAA-XP4 au CCARDESA, avait indiqué que les disparités entre les sexes et l’exclusion sociale continuaient à entraver les progrès en matière de développement. Il a précisé que 40,3% des 162 initiatives AIC intégraient l’égalité entre les sexes et l’inclusion sociale.  Sur les 351 initiatives AIC dont on a fait état dans la zone de couverture de l’ASARECA, seules 131 tiennent compte des questions de genre.  En outre, Pr Alessandro Cocchi a indiqué que les institutions africaines fournissant des services de vulgarisation et de conseil agricoles étaient généralement mal préparées pour intégrer les questions d’égalité des sexes dans les initiatives CSA. Les femmes sont généralement sous-représentées dans les systèmes de vulgarisation et de conseil agricoles et ne peuvent donc défendre la cause de l’intégration du genre dans la mise en œuvre des initiatives AIC.

À l’occasion de la journée internationale de la femme rurale, nous devons examiner nos approches, attitudes et perception notamment à l’égard de l’égalité des sexes dans les initiatives AIC.  Les femmes rurales comptent sur nous pour produire et mettre en œuvre des solutions qui permettront de relever les défis en matière d’AIC et nous assurer que les initiatives AIC sont soucieuses d’équité entre les sexes et transformatrices.

D’éventuelles solutions pour s’assurer que de tels plans ne moisissent pas sur les étagères mais sont mis en œuvre  

  1. Renforcement des capacités des parties prenantes en intégration du genre et en inclusion sociale en matière d’AIC.  Je propose une évaluation approfondie de la manière dont les politiques sensibles au genre entravent l’élaboration et la mise en œuvre de ces stratégies. Au Mozambique par exemple, le Plan d’action sur le changement climatique et le genre (ccGAP en anglais) vise à élaborer et à intégrer la perspective de genre dans le secteur de l’environnement en vue d’améliorer les conditions de vie des Mozambicains, notamment des femmes et des communautés locales.

 

  1. Nous devons mettre en place un mécanisme, à l’échelle du continent, en vue de suivre les progrès réalisés en matière d’intégration du genre dans les initiatives AIC en favorisant l’égalité hommes-femmes dans les postes de direction, les politiques sur le lieu de travail et les résultats. Les outils mis au point devraient pouvoir générer des données ventilées par sexe.

 

  1. Les organes directeurs des États membres qui traitent des questions liées à l’environnement devraient s’engager à promouvoir l’égalité hommes-femmes et l’autonomisation des femmes dans les initiatives AIC. Je propose également que les plans nationaux d’investissement des pays africains soient articulés sur une budgétisation tenant compte des questions de genre, sur le leadership féminin et le suivi des résultats en matière d’égalité entre les sexes.

 

Par conséquent, des efforts doivent être déployés en vue de l’utilisation d’une terminologie non sexiste dans le cadre de la mise en œuvre des initiatives AIC.  Les textes qui mentionnent les hommes et les femmes doivent accorder la même visibilité aux hommes et aux femmes. Cela s’applique entre autres aux documents, aux textes sur Internet, à la publicité pour les événements et aux films.

Par ailleurs, les parties prenantes de l’AIC doivent s’assurer de choisir des images tenant compte des questions d’égalité des genres lors de la préparation de matériel de relations publiques sur l’agriculture intelligente face au climat. En cette Journée internationale de la femme rurale, placée sous le thème « les femmes rurales cultivent une alimentation de qualité pour tous », reconnaissons le travail des femmes rurales dans l’agriculture intelligente face au climat. Dans les zones rurales, renforçons les approches intégrées d’AIC qui offrent des chances égales à tous.

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