Journée mondiale des sols ; Arrêter la dégradation des sols en Afrique

Par Wole Fatunbi (PhD)

Le 5 décembre est la journée mondiale des sols. Cette année (2021), la commémoration est placée sous le thème : « Stopper la salinisation des sols. Stimuler la productivité des sols ». En Afrique, 50% des terres irriguées sont menacées par la salinisation. Toutefois, seulement 6% de nos terres agricoles sont irriguées.  Malgré l’accroissement de la demande de produits alimentaires et l’augmentation des modèles d’intensification, l’Afrique doit se préparer à prévenir la salinisation des sols en utilisant des techniques d’irrigation appropriées.

 

En Afrique, les sols sont essentiels à la vie. Il s’agit de notre plus précieuse ressource, notre outil de production. Un ménage possédant des terres ne sera jamais considéré comme pauvre car ces terres pourraient être utilisés pour la nourriture et pour créer de la richesse.   Le sol est un milieu plein de vie ; une cuillerée de sol contient des milliards de micro-organismes.  Notre sol purifie l’environnement. Il est source et puits de nombreux nutriments. Il s’agit d’une ressource que nous utilisons pour stocker le carbone et limiter les conséquences du changement climatique dont nous souffrons alors que d’autres en sont la cause.

 

Il convient de noter que l’Afrique possède 60% des terres non cultivées au monde. J’imagine que cela constitue un point positif pour le continent. Ces terres sont une ressource que notre continent devrait être fière de détenir en fiducie en vue de permettre au monde de nourrir sa population croissante.  Cette ressource peut permettre à l’Afrique et à ses générations à venir d’assurer leur santé et leur richesse. Hélas, le monde assiste à la perte du meilleur atout de l’Afrique en raison de la dégradation des terres ! Des statistiques effrayantes indiquent que l’érosion emporte chaque année 50 millions de couche arable du sol. La dégradation de la fertilité des sols en raison de l’appauvrissement en éléments nutritifs rend 27% des terres arables infertiles et peu productives.

 

L’Afrique doit ouvrir les yeux sur cette réalité et se libérer de cet esclavage alimentaire à venir en luttant contre la dégradation des terres. Les dirigeants africains ne peuvent se permettre de jouer la politique du silence face à cette menace. Les agriculteurs et autres utilisateurs des terres ne peuvent non plus rester indifférents. Notre plateforme est en train de s’effondrer et nous sommes les seuls en mesure de la réparer, et de bien la réparer.

La première étape de la gestion des sols africains consiste à reconnaitre que nos sols sont fragiles par nature et doivent être manipulés avec soin pour soutenir la production à long terme d’aliments et de fibres. Les pratiques actuelles en matière d’utilisation du sol montrent que la majorité de la population africaine ignore cette vérité scientifique et ses implications à long terme sur le bien-être général de notre société.  Nous avons d’urgence besoin de politiques et de directives cohérentes concernant l’utilisation des sols et la gestion de différents paysages. Nous devons recommander et appliquer les meilleures méthodes de défrichement et pratiques culturales. Il nous faut évaluer les potentialités des sols pour éviter les activités agricoles sur des sols marginaux ou l’utilisation de sols fertiles à des fins de construction, deux activités contreproductives.

 

L’Afrique doit relever ce défi et mettre au point une approche qui lui est propre pour résoudre ce problème. À la demande de la Commission de l’Union africaine, le FARA s’emploie, en collaboration avec tous les acteurs du monde agricole, à élaborer l’Initiative sur les sols en Afrique (SIA en anglais) pour faire face à la dégradation des sols en Afrique. La SIA assurera la participation de tous à la cocréation et à la mise en œuvre de solutions. Dans le cadre de cette initiative, des politiques appropriées et des cadres institutionnels seront mis en place en vue de réduire le rythme de dégradation des sols à tous les niveaux.  L’initiative permettra également de mettre à l’échelle les technologies existantes et facilitera l’élaboration de nouvelles technologies en vue de faire face aux nouveaux enjeux. Les questions relatives au renforcement des capacités seront traitées rapidement grâce à une approche holistique.  La complexité du système d’information sur les sols sera appréhendée en s’appuyant sur les systèmes existants et en s’assurant que l’Afrique dispose d’un système évolutif qui satisfait aux besoins de tous ceux qui utilisent les meilleurs systèmes informatiques.  Un système efficace de gestion des connaissances sur les sols ainsi qu’un tableau de mesure qui contribue à définir les mesures à prendre seront mis au point. La SIA adoptera tous les systèmes de production, allant de l’agroécologie, identifiée comme mouvement social, à la gestion intégrée de la fertilité des sols en   passant par les pratiques conventionnelles fondées sur l’utilisation des engrais minéraux.

 

La coopération de tous est nécessaire pour assurer le succès de l’Initiative sur les sols en Afrique.  Serrons-nous les coudes et soyons unis dans l’action en vue de stopper la dégradation des sols en Afrique et commencer la restauration de ceux qui sont déjà dégradés.

Pour plus d’informations sur l’Initiative sur les sols pour l’Afrique, veuillez consulter  https://drive.google.com/file/d/1OFelUgEY6c1008LO4lID5V3eCBrz-XyM/view?usp=sharing

Wole Fatunbi est responsable senior de volet technique au FARA et spécialiste des systèmes d’innovation.

https://faraafrica.org/professional-staff/fatunbi-oluwole-abiodun/

 

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