17 octobre 2022
Le troisième rapport biennal (RB) du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) a souligné que « l’accès à des services de conseil de qualité dans le domaine de la production agricole était important dans tous les segments pertinents du système alimentaire ». Il y a une limite entre le laboratoire et le champ poussiéreux, que la plupart des chercheurs ne franchissent généralement pas, mais cette limite est importante pour avoir un impact réel « au dernier kilomètre ». Cette limite est le partage des résultats de la recherche avec la vulgarisation. En raison de la faiblesse du lien entre la vulgarisation et la recherche, le groupe de travail technique sur la gestion des connaissances et la communication (KMC) du Projet d’appui aux organisations régionales et sous-régionales africaines pour la recherche et l’innovation agricoles, anciennement en charge du Pilier IV du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA-XP4) s’est réuni à Nairobi (Kenya) du 5 au 7 octobre 2022.
Le Consortium du PDDAA-XP4 comprend le Forum africain des services de conseil agricole (AFAAS), l’Association pour le renforcement de la recherche agricole en Afrique de l’Est et du Centre (ASARECA), le Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) et le Forum pour la recherche agricole en Afrique (FARA). L’AFAAS a accueilli la réunion avec l’appui de l’Union européenne par le biais du Fonds international de développement agricole (FIDA).
La réunion avait essentiellement pour objet de tirer des enseignements de l’expérience acquise dans le cadre des activités De la recherche à la vulgarisation (R2E), discuter et convenir d’indicateurs réalistes, d’objectifs, d’une feuille de route et d’outils numériques à utiliser dans le cadre du programme R2E, et de l’interopérabilité des solutions numériques utilisées par les organisations du PDDAA-XP4.
Le Directeur exécutif de l’AFAAS, Dr Silim Nahdy, a dans son allocution d’ouverture invité les participants à mettre un terme à la séparation entre recherche et vulgarisation. Il a souligné le besoin urgent d’une coopération entre recherche et vulgarisation au profit des agriculteurs. Le Dr Nahdy a félicité l’équipe pour avoir organisé cette réunion importante qui constitue une bonne base pour chercher des solutions et élaborer un document d’orientation qui pourrait être partagé avec les principaux acteurs concernés, dans ce cas précis ceux de la recherche et de la vulgarisation. Il a par ailleurs émis l’espoir que la réunion permettait de relever les défis spécifiques associés au thème.
Mme Mary Kamau, membre du Conseil d’administration de l’AFAAS a officiellement ouvert la réunion en partageant son expérience remontant aux années 1990 dans le domaine de la recherche. Elle a mentionné qu’à l’époque, la norme consistait à assurer une collaboration régulière entre chercheurs et agents de la vulgarisation. Elle a également proposé la mobilisation des agriculteurs en phase d’innovation car ils sont également des innovateurs et des chercheurs. Elle a raconté que sa mère avait l’habitude de sélectionner des graines dans la partie centrale d’un épi de maïs et les réserver pour la prochaine saison de semailles. Elle a confirmé que la stratégie était efficace. Par conséquent, elle a exhorté les participants à envisager la possibilité d’obtenir des meilleures pratiques des agriculteurs au lieu de penser que ces derniers ne sont pas bien informés.
Lors de cette rencontre, les responsables de la gestion des connaissances, M. Andri Raso de l’AFAAS, M Ben Ilakut de l’ASARECA, Mme Bridget Kakuwa-Kasongamulilo du CCARDESA, et M. Benjamin Abugri du FARA ont partagé les programmes, De la recherche à la vulgarisation, ainsi que les moyens de les promouvoir. M. Peter Mwangi Gitika, point focal national du Forum kenyan des services de conseil agricole (KeFAAS) et Mme Silvia Mburungu, responsable de la communication, de l’information et de la gestion des connaissances, ont également présenté l’état d’avancement du programme R2E au KeFAAS.
- Max Olupot, Directeur de la recherche et des programmes à l’AFAAS, a rappelé aux participants que la gestion des connaissances était essentielle pour le programme PDDAA-XP4 parce qu’elle entrait dans le cadre de l’interface entre science et recherche et contribuait à orienter la manière de promouvoir le programme R2E.
Le Dr Samson Eshetu, spécialiste du renforcement des capacités, a indiqué que la raison d’être du R2E s’appuyait sur le fait que la recherche est réalisée mais n’a pas d’impact, principalement parce qu’elle n’était pas axée sur la demande. Par conséquent, le programme R2E permettra de combler les lacunes et d’abandonner le statu quo pour le remplacer par des mesures efficaces telles que la présentation des technologies dans des formats accessibles aux agriculteurs au lieu des publications. Il a également souligné que le modèle du PDDAA-XP4 était excellent pour combler le fossé.
Le Dr Boniface Akaku, directeur de l’information, de la communication et de la technologie à l’Organisation de recherche sur l’agriculture et l’élevage du Kenya (KARLO), a partagé les meilleures pratiques pour combler les lacunes identifiées dans la R2E. Il a indiqué que la KARLO utilisait les applications numériques pour atteindre les agriculteurs de manière innovante. Pour ce faire, elle intègre des données factuelles montrant aux agriculteurs comment produire plus avec moins de pluie et d’engrais et fournit des informations personnelles, adaptées au contexte et géoréférencées. Il a mis en évidence des moyens novateurs de présenter les informations ainsi qu’une base de données adéquate pour conserver tous les renseignements sur leurs agriculteurs. Il a également indiqué qu’ils recevaient toujours des commentaires des agriculteurs et qu’il ne s’agissait donc pas d’un système à sens unique. Il a entre autres montré comment assurer l’efficacité de l’interopérabilité pour que le consortium en tire pleinement parti.
Dans ses remarques finales, Mme Peace Mutukwa, responsable de la gestion des connaissances et de la communication au département de l’agriculture et de la sécurité alimentaire de la Commission de l’Union africaine (CUA) a indiqué que la réunion permettrait d’améliorer la collaboration entre la CUA et d’autres organisations. Elle a également remercié le consortium PDDAA-XP4 d’avoir établi des relations de travail dans le domaine de la gestion des connaissances. Elle a recommandé d’établir ces relations à d’autres domaines thématiques. Mme Mutukwa a réaffirmé que la réunion était un bon point de départ car elle permettrait d’améliorer les liens et la manière dont les choses se font. C’est une excellente opportunité pour la CUA, et nous sommes impatients de faire avancer le programme De la recherche à la vulgarisation en Afrique.
En clôturant la réunion, M. Max Oloput a, au nom du Directeur exécutif, remercié tous les participants à l’atelier. Il a indiqué que la réunion avait permis de dévoiler ce qui existait et était négligé et que cette discussion arrivait à point nommé. Il convient d’assurer une collaboration entre la recherche et la vulgarisation principalement au profit des agriculteurs et de tous les intervenants de la filière alimentaire. M. Oloput a souligné que les technologies devraient être disponibles, accessibles, utilisables et à un prix abordable dans l’intérêt des agriculteurs et en fin de compte de l’ensemble du continent.
Dans ses remarques de clôture, Mme Maria Kamau, membre du Conseil d’administration de l’AFAAS, a expliqué que la diffusion des technologies, des innovations et des pratiques de gestion (TIPG) dépendait de l’appui des bailleurs de fonds. Cependant, l’Afrique doit penser à des processus durables qui lui permettront de voler de ses propres ailes et d’assurer sa sécurité alimentaire et nutritionnelle. Elle a insisté sur les énormes possibilités qui s’offrent pour améliorer les conditions de vie des agriculteurs comme en témoigne le nombre d’organismes de recherche qui ont souscrit au projet. Elle a invité le consortium du PDDAA-XP4 à soutenir une recherche qui profitera à toutes les parties prenantes aux niveaux national, régional et continental et à contribuer à dresser un inventaire de toutes les TIPG qui montrent le statut de diffusion.
Mme Kamau a demandé à la CUA d’encourager les États membres à établir un fonds commun qui puisse répondre aux besoins de leurs ressortissants. Elle a également souligné la nécessité de renforcer les capacités des agents de vulgarisation afin qu’ils puissent diffuser les TIPG aux agriculteurs. « Dressons un inventaire qui montrera où se trouvent les TIPG, lesquelles ont été diffusées et celles qui sont en voie de l’être » a-t-elle conclu.
Le KMC a également élaboré une stratégie visant à intégrer la gestion des connaissances dans le programme R2E car il s’agit d’un élément crucial et s’il est omis la lacune subsistera. Le groupe a également cherché à répondre à la question à savoir si la recherche agricole était fonction de la demande locale. Les questions suivantes ont été soulevées : les technologies et innovations agricoles sont-elles adaptées (prix abordable, susceptibles d’être reproduites et suffisamment flexibles) aux cibles supposées ? Les résultats de la recherche sont-ils bien diffusés, permettant ainsi de renforcer les connaissances et le savoir-faire des agriculteurs ainsi que de déclencher une évolution de leurs moyens d’existence ?
Les participants ont élaboré une déclaration R2E de Manzooni qui explique dans les grandes lignes ce que fera le PDDAA-XP4 pour combler le fossé entre la recherche et la vulgarisation.
Le Consortium du PDDAA-XP4, des représentants du KeFAAS, de la KARLO, de la CUA et le Président du Conseil d’administration de l’AFAAS ont assisté à la réunion.
Au terme de l’atelier, il est devenu évident qu’une augmentation des investissements dans la recherche agricole ne suffisait pas pour éradiquer la faim et la malnutrition en Afrique. Il convient que les chercheurs et les agents de la vulgarisation collaborent d’urgence pour communiquer les résultats de la recherche aux agriculteurs et avoir un impact réel. Le groupe de travail technique du KMC a décidé de poursuivre la recherche agricole pour avoir des retombées importantes y compris en plaçant les agriculteurs au premier plan !
Source: ccardesa.org
Leave A Comment