Récolter demain : des champs de mil et de sorgho à visée prospective en Afrique

12 mars 2024

Par le Dr Abdularazak Ibrahim et Mme Bridget Kakuwa-Kasongamulilo

À Lusaka, quarante-sept (47) parties prenantes, dont des décideurs, des scientifiques, des groupes d’agriculteurs, des jeunes et des groupes de femmes, se sont réunies à l’occasion d’un atelier de trois jours sur la prospective régionale des systèmes alimentaires.  Les représentants de toute la région ont échangé des idées, des espoirs et des rêves pour un avenir alimentaire durable et résilient dans l’espace de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).

À la suite d’une série de présentations sur les principes fondamentaux de la prospective et le cadre des systèmes alimentaires, les participants ont examiné des solutions innovantes pour transformer les systèmes alimentaires existants. Les participants qui étaient munis d’outils tels que des boucles causales, l’analyse des tendances et la cartographie des scénarios ont mené des discussions approfondies pour découvrir le potentiel inexploité de la région.

S’inspirant de la série de publications de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) intitulée « L’avenir de l’alimentation et de l’agriculture—Moteurs et déclencheurs de transformation » et de son tableau de bord, les parties prenantes ont passé en revue les domaines pertinents pour l’espace SADC.

Une révélation est ressortie de ces discussions prospectives : le millet et le sorgho, des céréales anciennes souvent négligées, sont la clé d’un système alimentaire résilient et durable. Grâce à une analyse rigoureuse et à un brainstorming collaboratif, les participants ont pu envisager un avenir où ces céréales rustiques occuperaient le devant de la scène, surpassant le maïs par leur capacité à s’adapter au changement climatique, à conserver l’eau et à offrir des avantages nutritionnels accrus.

Mme Lilly Singano, propriétaire de Lilly Meals, une entreprise de transformation et de conditionnement du sorgho et du millet, s’est réjouie de l’orientation de l’atelier. Selon elle, « le sorgho et le millet ne sont pas seulement des substituts du maïs, ils sont supérieurs à bien des égards, ont une meilleure valeur nutritive, le millet étant riche en fibres et en minéraux d’importance vitale tels que le magnésium, le phosphore et le manganèse. »

Le Dr Noah Mwanza de l’Association zambienne engagée dans la lutte contre le changement climatique (CCA), a indiqué : « le sorgho et le millet sont remarquables pour leur tolérance à la sécheresse, ce qui en fait des cultures idéales pour assurer la sécurité alimentaire dans les régions arides et semi-arides où le maïs ne peut pas pousser ».

Le dialogue axé sur la prospective a dévoilé une mosaïque de possibilités, les participants ayant identifié les principaux catalyseurs, facilitateurs, frictions et tournants qui ouvriront la voie à la transformation du millet et du sorgho. M. Dalisto Mbewe, représentant du PDDAA pour la Zambie, a ajouté que « compte tenu de leur adaptabilité aux sols pauvres et de leurs faibles besoins en eau, le sorgho et le millet sont des alternatives durables au maïs, réduisant le besoin d’irrigation et de pratiques agricoles à forte intensité d’intrants ».

Les boucles causales ont permis d’établir des liens complexes entre la résilience au changement climatique, la préservation de la biodiversité et le succès pour ces céréales résistantes. L’analyse des tendances a mis en évidence une hausse de la demande mondiale de choix alimentaires plus sains et durables, et permis de présenter le millet et le sorgho comme une réponse à l’évolution du paysage culinaire. « La polyvalence du sorgho et du millet, des plats traditionnels aux options sans gluten, met en évidence leur potentiel dans les régimes alimentaires modernes et comme solution aux défis du changement climatique et de la sécurité alimentaire » a souligné le Dr Matita, chargé de cours à l’Université d’agriculture et de ressources naturelles de Lilongwe au Malawi.

La cartographie des scénarios a permis aux participants d’envisager un avenir où le millet et le sorgho deviendraient les porte-drapeaux de la révolution alimentaire en Afrique australe, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire, à l’émancipation économique et à la préservation de la culture. Cette vision collective permettra de sortir ces grains anciens de l’oubli pour qu’ils brillent comme les héros d’un avenir alimentaire durable. M. Nelson Mavuso, directeur de la vulgarisation en Eswatini, a souligné « qu’incorporer le sorgho et le millet dans les régimes alimentaires permet de diversifier notre alimentation et contribue à lutter contre les carences en micronutriments car ces céréales regorgent d’éléments nutritifs vitaux qui font souvent défaut au maïs. »

Les participants sont repartis avec une nouvelle passion pour le millet et le sorgho avec dans leurs bagages une vision commune et une feuille de route pour sa mise en œuvre. Le sorgho et le millet sont remarquables pour leur résistance à la sécheresse, ce qui en fait des cultures idéales pour assurer la sécurité alimentaire dans les régions arides et semi-arides où le maïs ne peut pousser. « Récolter demain : des champs de mil et de sorgho à visée prospective en Afrique » n’est pas seulement un titre mais un cri de ralliement qui résonne dans les champs et les communautés, inspirant un mouvement vers un avenir radieux et durable pour tous.

Les auteurs sont les coordinateurs de la prospective au CCARDESA et au FARA.

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