L’agence de développement de l’Union africaine préconise des mesures audacieuses pour faire de l’Afrique un leader mondial dans le domaine de l’agriculture

La directrice générale de l’Agence de développement de l’Union africaine (ADUA–NEPAD), Mme Nardos Bekele-Thomas a préconisé des mesures audacieuses pour faire de l’Afrique un leader mondial dans le domaine de l’agriculture.

Mme Bekele-Thomas, qui participait au lancement officiel de la nouvelle stratégie et du nouveau plan d’action (2026–2035) du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) et de la Déclaration de Kampala à Johannesburg en Afrique du Sud, a indiqué que « l’avenir de notre continent résidait dans une action commune, de la graine à la table et de la ferme au marché mondial. »

« L’Afrique qui dispose de 60% des terres arables non cultivées de la planète et qui abrite une jeunesse dynamique et une biodiversité remarquable, est prête à devenir un leader mondial dans le domaine agroalimentaire. Le potentiel seul ne suffit pas, nous avons besoin d’une collaboration déterminée, d’innovations et d’investissements » a-t-elle ajouté.

Mme Bekele-Thomas a indiqué que les gouvernements africains étaient déterminés à mettre en œuvre la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et d’autres stratégies pour contribuer à soutenir les efforts du continent en matière de transformation agricole.

« Nous allons accélérer la mise en œuvre complète de la ZLECAf afin de stimuler le commerce intra-africain, d’assurer la pérennité du Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA) et ses investissements à effet catalyseur et d’accélérer les examens biennaux post-Malabo qui affinent notre orientation stratégique » a-t-elle annoncé.

« Nous avons vu les innovations agro-technologiques menées par les jeunes fleurir et les chaînes de valeur régionales prendre de l’essor sous notre direction collective » a-t-elle fait remarquer.

Les chefs d’État et de gouvernement africains ont tenu en janvier dernier le Sommet extraordinaire sur le PDDAA post-Malabo à Kampala, en Ouganda.

Le Sommet a adopté la stratégie et le plan d’action (2026–2035) du PDDAA pour guider la transformation du secteur agricole au cours de la prochaine décennie ainsi que le document de consensus qui l’accompagne, connu sous le nom de Déclaration de Kampala 2025.

Au cours des 20 dernières années, le PDDAA a été le cadre de base et le moteur de la transformation de l’agriculture en Afrique.

Le PDDAA, qui a été lancé en 2003 à la suite de la Déclaration de Maputo et réaffirmé en 2014 avec la Déclaration de Malabo, a contribué à la hausse du PIB agricole, à l’augmentation des revenus moyens, à l’amélioration de la production agricole, à l’accroissement du commerce de produits agricoles et des investissements, ainsi qu’à la réduction de la faim et de la pauvreté.

La Déclaration de Malabo est arrivée à échéance en fin 2024, après dix ans. La Déclaration de Kampala lui a succédé.

La nouvelle stratégie adoptée met l’accent sur une approche systémique de l’alimentation pour répondre aux besoins agricoles complexes de l’Afrique, en se concentrant sur la transformation agricole, la post-production et la résilience face aux chocs climatiques.

Elle donne la priorité à l’inclusion, en mettant particulièrement l’accent sur l’autonomisation des femmes, des jeunes et des groupes marginalisés afin qu’ils aient accès aux ressources et aux possibilités.

« Les chefs d’État ont clairement défini comment mettre en place des systèmes alimentaires résilients, inclusifs et intelligents sur le plan climatique basés sur les six objectifs stratégiques couvrant la production, la transformation, la gouvernance des marchés, la nutrition et le financement » a indiqué Mme Bekele-Thomas lors du lancement.

« Le lancement d’aujourd’hui n’est ni une fin en soi, ni une cérémonie. C’est le début d’une décennie d’accélération » a-t-elle ajouté.

« Nous allons libérer le pouvoir de nos jeunes et de nos femmes, qui ne sont pas des bénéficiaires mais des bâtisseurs, grâce à l’initiative de 100 millions de dollars en faveur des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) et à l’initiative Compétences pour l’Afrique et faire en sorte qu’ils obtiennent des terres, un financement et établissent des liens avec les marchés en vue de stimuler l’entrepreneuriat rural » a-t-elle affirmé.

Des représentants des principaux groupes de parties prenantes ont recommandé un engagement, des mesures à prendre et des partenariats à long terme afin que la stratégie produise des avantages tangibles pour les Africains.  Le ministre de l’Agriculture de la République sud-africaine M. John Steenhuisen, a souligné que le commerce intra-africain, les programmes de transformation pour les petits agriculteurs, la création et le partage des connaissances, la planification fondée sur les données et l’adoption des technologies numériques étaient les piliers du progrès agricole.

Le Dr Aggrey Agumya, Directeur exécutif du Forum pour la recherche agricole en Afrique (FARA) a souligné l’importance de la science, de l’innovation, de l’éducation et du renforcement des capacités pour ce qui est de faciliter la mise en œuvre de la stratégie. Il a indiqué que le FARA était prêt à soutenir la mise en œuvre de la Déclaration de Kampala à l’aide des outils appropriés afin d’en garantir la réussite.

La présidente de la Fédération des agriculteurs d’Afrique de l’Est, Mme Elizabeth Nsimadala a félicité la Commission de l’Union africaine d’avoir assuré la participation des agriculteurs tout au long de l’élaboration de la Déclaration de Kampala et réaffirmé leur engagement en faveur de sa mise œuvre. Elle a plaidé en faveur d’un environnement politique propice, de flux d’investissements accrus, de systèmes de vulgarisation plus solides et d’une plus grande participation des agriculteurs au niveau national.

« Nous ne voulons pas être invités à manger quand le repas est déjà prêt » a-t-elle souligné. « Nous demandons à tous les partenaires d’être honnêtes, de s’engager à faire preuve de transparence et de se concentrer sur ce qui est réalisable » a-t-elle ajouté.

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