Comment mesurer la santé des sols en Afrique ? Une nécessité absolue pour la mise en œuvre de l’Initiative en faveur des sols en Afrique

Par Wole Fatunbi

Une autre mesure audacieuse a été prise pour transformer la vision de l’Initiative en faveur des sols en Afrique (SIA) et le Plan d’action pour les engrais et la santé des sols (AFSH-AP) en actions concrètes. Une réunion d’experts de deux jours s’est tenue au Centre international de conférences de Kigali, au Rwanda, pour discuter et parvenir à un consensus sur la définition du concept de santé des sols en Afrique et sur les indicateurs permettant de la mesurer. Vous vous souviendrez que la Déclaration de Nairobi sur les engrais et la santé des sols recommandait que « 30 % des sols dégradés en Afrique soient restaurés à un état de santé optimal d’ici 2034 ». Pour mettre en œuvre les mesures appropriées et rendre compte de manière adéquate des progrès accomplis, il convient de définir clairement le concept de santé des sols et d’établir et de projeter les indicateurs appropriés permettant de la mesurer.

L’Union africaine/ADUA-NEPAD avait précédemment mis sur pied une équipe d’experts pour mener une réflexion et élaborer la première série d’indicateurs en vue d’un examen plus approfondi. Il semble que de nombreuses variables contribuent à la santé des sols mais les indicateurs pourraient permettre de mesurer bon nombre des variables regroupées en catégories chimiques, physiques et biologiques.

Dix-neuf variables ont été répertoriées pour définir la santé des sols en Afrique ; ces variables concordent avec celles enregistrées dans d’autres parties du monde. Les variables chimiques comprennent : le carbone organique du sol (COS), le pH, le K échangeable, le P disponible et les nutriments secondaires et micronutriments (NMS) échangeables ou disponibles. Les variables physiques comprennent la texture (note venant appuyer les indicateurs ci-dessus), l’érosion du sol, la densité apparente, la stabilité des agrégats du sol, la capacité en eau disponible et le taux d’infiltration. Les variables biologiques comprennent la biomasse microbienne ou son indicateur, les activités enzymatiques, la biodiversité, les spores de CMA, la diversité microbienne, l’abondance et la diversité des vers de terre, le rapport fongique-bactérien et les PMN (nitrate et ammonium).  Le Pr ‘Wole Fatunbi, qui représentait le FARA et jouait le rôle d’Organisation de soutien technique (TSO en anglais) pour la mise en œuvre de la SIA et de l’AFSH-AP, a utilisé la méthode d’analyse multidimensionnelle (MDA en anglais) pour ramener les variables à trois facteurs clés.

Il importe de rechercher les indicateurs composites qui pourraient servir de substituts à ces variables ; il pourrait s’avérer impossible de mesurer 20 variables sur plusieurs sites dans chaque pays d’Afrique en raison du coût que cela représente. Il convient donc d’élaborer un seul indicateur, mesurable, de la santé des sols. Le groupe d’experts soutient fermement l’élaboration d’un indicateur de la santé des sols comme seule mesure de l’évolution de la santé des sols. L’équipe privilégie en outre une méthode de mesure qui utilise la télédétection et les informations numériques sur les sols pour calculer l’indicateur, de temps à autre.

Le projet «  Observatoire des sols de l’Union africaine » (AUSO), financé par l’Union européenne, met en place un observatoire et le « Centre de données sur les sols en Afrique » pour aider les 55 pays d’Afrique à suivre l’évolution de la santé des sols grâce aux indicateurs de la santé des sols.

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